Martin, la suite !
Je l'avais complètement oublié celui-là mais pas lui, oh que non. Il m'avait promis de revenir et de m'amener des clients (et oui !) il a tenu parole. (Que n'aurais-je donné pour qu'il m'oublie !). Donc, Vendredi alors que j'étais plongé dans le déballage de mes commandes, rebelote : A...? tu es là ? (ben oui sinon la boutique serait fermée, ça c'est encore du La Palice) bonjour, comme prévu je t'amène un nouveau client et tu sais, j'ai fais de la pub sur internet pour ton magasin (non mais de quoi je me mêle) tu es content ? (tu parles, si j'avais voulu une clientèle de masse et/ou de passage, je l'aurais fait il y a longtemps...) d'ici peu tu ne sauras plus où donner de la tête (en attendant, c'est lui qui me l'a fait perdre !). D'autant que S... doit venir cet après-midi (pas question mon coco qu'il te trouve là).
Le souci c'est que Martin est non seulement exubérant, volubile, mais également collant pour ne pas dire gluant. Pour s'en débarrasser il faut se lever de bonne heure, s'armer d'une bonne dose de courage et surtout, surtout ne pas hésiter. Ce qui n'est pas mon cas, compte tenu de sa gentillesse. Résultat, j'ai salué comme il convenait la "connaissance" avec qui il était. Celle-ci m'a tendu non comme Martin, une main alanguie, mais une main molle, au point qu'on aurait dit de la guimauve. Martin m'a embrassé, toujours aux coins des lèvres comme à son habitude (heureusement que S... n'était pas là !), et j'ai serré la main le plus fermement possible de la "connaissance". Heureusement, qu'à cette heure, il y avait peu de monde dans le magasin. J'ai prétexté devoir finir de déballer mes arrivages espérant les voir quitter les lieux. Et non, Martin toujours lui a proposé de m'aider ou s'il ne pouvait le faire de m'attendre pour prendre un café et "papoter", à une de mes petites tables. Pendant que la "connaissance", elle, ferait le tour du propriétaire pour trouver de quoi meubler sa bibliothèque (ferait mieux d'acheter des reliures au mètre, ça lui reviendrait moins cher). Bref. Ils squattaient pour un moment...
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, j'ai décidé moi aussi de m'installer, pour souffler un peu, et donc tenir le bavoir pendant que ces messieurs/dames me mettaient au courant des derniers potins. J'écoutais d'un air distrait quand, catastrophe, S... est arrivé (plus tôt que prévu). Branle-bas de combat, je n'avais aucune intention de le présenter à la "connaissance" Mais Martin, toujours à l'affût, l'avait vu entrer et se levait déjà pour le saluer d'un : ..."Petit cachottier, tu ne m'avais pas dit que tu étais l'ami d'A..."... (et pourquoi l'aurait-il fait ? hmmm). Cette remarque bien entendue faite devant la "connaissance" grrr. (merci pour ta discrétion, Martin). S... pris au dépourvu ne savait comment se tirer de ce mauvais pas et me jetait des regards implorants. Martin imperturbable nous dit toujours devant la "connaissance" ça fait un moment que vous êtes ensemble non ?, et d'un air coquin, "A quand le mariage" ? Et là, mon S... qui ne comprends pas l'ironie répond : le 24 avril. Le pavé dans la mare, la cerise sur le gâteau, si si, ça c'est mon chéri. Un grand silence de stupéfaction suivi d'un grand blanc ou là, S... a réalisé ce qu'il venait de dire, et ou Martin et sa "connaissance" sont restés muets la bouche entrouverte (le gag quoi) avant de nous féliciter chaleureusement.
Vinrent ensuite les questions, "vous vous mariez où" ? "Dans quel pays" ? "j'espère que je serais invité" ? (Martin),. "Vous nous ferez voir les photos" (la "connaissance"), (ben voyons !). Ah, selon les rites hindous ? "Ah, il n'y a pas d'interdiction "? "Ah et comment ta mère prend ça A.. "? (très bien, elle adore S...) et "tu nous donneras l'adresse hein" ? "on viendra vous faire un petit coucou en vous apportant des fleurs" (surtout pas !) "Quand les copains vont savoir ça" (tu parles !).Et pourquoi vous ne vous pacsez pas ? "Ah bon" ? et encore, "Ah bon." (dur d'oreilles peut être ?). Bref j'étais excédé quant à S... il avait le nez dans sa tasse de café et n'osait plus le relever. Sa gaffe prenait des proportions gigantesques....
Pour finir, après avoir choisi quelques volumes ils s'en sont allés raconter la nouvelle à qui voulait l'entendre, mais bon tant pis, après tout ce n'est pas un secret qu'il nous faut à tout pris défendre... Nous qui souhaitions de la discrétion. A mon avis, c'est pas gagné.