Vous avez dit Klezmer ?
La musique klezmer est celle que les baladins juifs ashkénazes colportaient de fête en fête, de shtetl en ghetto, dans toute l’Europe Centrale et Orientale depuis le Moyen Age jusqu’à l’aube du XXème siècle. Elle s’inspire aussi bien de chants profanes et de danses populaires que de la liturgie juive et des nigunim, ces mélodies simples et sans paroles par lesquelles les hassidim tentaient d’approcher Dieux dans une sorte d’extase communautaire.
Depuis le 16ème siècle, des paroles ont été ajoutées au répertoire klezmer instrumental, grâce au «badkhn» maître de cérémonie lors des mariages, puis au théâtre yiddish.
Le répertoire klezmer et yiddish invite le public à la danse et permet aux musiciens d’exprimer toutes les émotions humaines de la joie au désespoir, de la piété à la révolte et du recueillement à l’ivresse, sans oublier l’humour juif et l’amour. Par contre, il n’existe pas de répertoire klezmer traditionnel spécifique aux funérailles.
La musique klezmer interprétée par ces musiciens juifs itinérants est par essence, et souvent, une musique de fête, de rencontres et de contrastes. Ils diffusaient leur musique et les récits de leurs voyages à chacune de leurs étapes. Souvent amenés à quitter leur Shtetl (villages d’Europe Centrale peuplés essentiellement par les juifs, car dans bon nombre de pays, ces derniers n’avaient pas le droit de résider dans le grandes villes, ni d’exercer certaines professions dites «nobles» ou posséder de la terre), et à jouer lors de mariages et fêtes juives . L‘arrivée des klezmorim étaient très appréciés des villageois, non seulement pour la musique, la fête et la joie qu’ils apportaient, mais aussi pour le recueil d’informations venues d’ailleurs. Vivier de la culture yiddish, ces villages et/ou bourgades juives ont constitué le berceau de la musique klezmer.
Au contact (réciproque) de musiciens slaves, tsiganes, grecs, turcs (ottoman) et bien plus tard du jazz, le klezmer a acquis une une diversité et une sonorité caractéristique instantanément reconnue. Cette vitalité réside dans le simple fait qu’elle a su sauvegarder son essence toute en s’enrichissant des cultures environnantes.
Dès la fin du XIXème siècles et le début du XXème siècle, un certain nombre de klezmorim réussissent à fuir les pogroms, la montée du fascisme hitlérien, ainsi que le régime stalinien en prenant la route vers l’ouest. Une grande partie de ces musiciens traverse l’Atlantique pour s’installer en Amérique. Seule une infime partie survivra au choc de la seconde guerre mondiale en restant sur le vieux continent.
Dans la culture yiddish, la musique klezmer est très proche du langage parlé. Son expression instrumentale se doit d’être flexible, instinctif et proche de la voix humaine. Le terme klezmer provient des mots hébreux : kley (véhicule-instrument) et zemer (chant-mélodie)
A zikh derman zikh
In mayn kinderyorn
Punkt vi a Kholem
Zet dos mir oys
Vi zet oys dos shtibele
Vos ikh hob farflantzl ?
Oy, oy, oy Belz mayn shtetele Belz
Mayn heymele, dort vikh hob
Mayn Kingershe yorn farbrakht
Belz mayn shtetele Belz
Mayn heymele, dor vu ikh hob
Mayne Kingershe yorn farbrakht
Oy, yedn Shabes fleg ikh loyfn
Mit ale yinglekh glaykh
Zitsn unter di grinike beymelekh
Vaefn shteyndelekh in taykh
Oy oy oy Belz mayn shtetele Belz
Mayn heymele dort vu ikh hob
Mayn Kingersheim yorn farbrkht
Dos shtibl is alt
Farvaksn mit groz
Der daskh tsefalt
Di fenster on gloz
Der ganik iz krum tseboygn di vent
Ikh volt dos shoyn mer garnit derkent