Il est difficile de savoir quand le mot "gay" a commencé à être employé aux Etats-Unis avec une connotation homosexuelle. Mais, dans les années 1930, il semble que cet usage soit bien établi. Selon l’historien américain George Chauncey, il s’agit au départ, d’un terme codé. Les gays l’utilisent pour faire savoir aux autres gays, qu’ils le sont eux-mêmes sans rien révêler de leur identité à ceux qui ne sont pas dans le secret. Mais, ajoute Chauncey, il ne signifie pas simplement "homosexuel". L’expression "la vie gay" se réfère également à l’exubérance et au non-conformisme dans les vêtements et dans la parole, affichés par les "folles" et les "tantes". En effet, ce sont les fairies (les hommes gays particulièrement efféminés et flamboyants) qui utilisent le plus fréquemment le mot gay dans les années 1920 et 1930.
Venu de l’ancien français "gai" et qualifiant simplement, à l’origine, des choses agréables, "gay" commence à désigner en anglais, au XVIIème siècle, d’une manière plus spécifique, la dissipation et les plaisirs ammoraux ‘et au XIXème siècle, la prostitution, lorsqu’il est appliqué aux femmes), un sens que les "tantes" se sont peut être approprié, parodiquement, pour évoquer la vie homosexuelle. Mais insiste Chauncey, le terme "gay" désigne aussi une chose de couleur vive ou une personne habillée de mot manière ostentatoire.
L’utilisation du mot "gay" par les "folles flamboyantes ou les tantes", personnages les plus visibles de la société homosexuelle, aboutit peu à peu à son adoption, comme un mot codé, et qui, néanmoins, se pensent comme homosexuels. Dans la mesure ou l’usage du mot dans les milieux gays lui a donné des connotations homosexuelles inconnues de ceux qui ne fréquentent pas le monde gay, les homosexuels plus discrets peuvent l’utiliser pour se reconnaitre secrètement entre eux dans un environnement hétérosexuel. La mention d’un "bar gay", avec l’intonation appropriée, sert à avertir l’auditeur familier de la culture homosexuelle.
Alors que dans les années 1920 et 1930, les gays eux-mêmes emploient plutôt le mot « gay » à propos des bars qu’à propos de personnes, la fin des années 1930 et surtout la période de la seconde guerre mondiale marquent un tournant dans l’usage du mot et dans la culture gay.
Avant la guerre, nombre de gays se contentent de se définir entre eux comme "queer"(anormaux, bizarres, pédés). Puisqu’ils se considèrent comme différents de ceux qu’ils appellent habituellement les "normaux", et bien que ce soit le terme également le plus souvent utilisé par la culture homophobe pour les désigner de manière péjorative. Le mot "gay" commence à s’imposer dans les années 1930, et sa prédominance se consolide pendant la guerre. A la fin des années 1940, les jeunes gays reprennent leurs ainés qui utilisent encore le mot "queer" qu’ils considèrent désormais comme avilissant. En se désignant comme gay, une nouvelle génération veut affirmer son droit à se nommer elle-meme, revendiquer son statut masculin et rejeter les styles "efféminés" de la génération précédente. Pour les plus jeune, conclut Chauncey, il est alors facile d’oublier que "gay" a sont origine dans les plaisanteries camp de ces "tantes" qu’ils entendent précisément rejeter. Une fois le mot largement répandu dans le monde gay, il est diffusé à l’extérieur par des auteurs qui se font une spécialité de familiariser leurs lecteurs avec le New York interlope.
Si le mot gay s’est largement imposé au cours de ces dernières années à l’échelle internationale pour remplacer "homosexuel" jugé trop médical. S’il a d’abord désigné dans les pays ango-saxons, à la fois les hommes et les femmes (on disait aussi bien "gay men que gay woman" il ne désigne plus aujourd’hui et le plus souvent que les hommes. Les lesbiennes, en effet, on fait valoir que lorsque l’on disait "les gays", il ne s’agissait, la plupart du temps, que des hommes et que leur présence était donc occultée ou négligée ou bien que désigner d’un même mot les hommes et les femmes revenait à ne pas prendre en considération la spécificité des modes de vie lesbiens, les cultures qui leur sont propres, etc… C’est pourquoi le mot "lesbien" est systématiquement ajouté, aujourd’hui à toutes les dénominations.