PERSONNA - Etrangement humain - Musée du Quai Branly à Paris
Exposition se tenant du 26/01 au 13/11/2016 au Musée du Quai Branly
« La culture occidentale est la seule à avoir dressé un tel rempart entre l’homme et la matière inanimée ».
Dans de nombreuses cultures, les objets ont souvent un statut plus proche de celui d’une personne. » Or ces « objets vivants », les collections du musée du quai Branly en regorgent. A travers 230 œuvres, statuettes, automates, momies, marionnettes, robots low-tech ou high-tech et autres créatures étrangement humaines, l’exposition explore les relations que les peuples tissent depuis toujours avec les objets qui les entourent. Afin d’éclairer d’un jour nouveau nos rapports avec les créatures artificielles qui envahiront bientôt notre quotidien.
Des objets plus « habités » qu’on ne le croit
L’anthromorphisme, c’est-à-dire l’attribution de traits propres à l’être humain à des choses ou des êtres qui ne le sont pas, est une tendance profondément ancrée dans la nature humaine. Il s’exerce sur des objets, des animaux, des entités de la nature (minéraux, végétaux), des amas d’étoiles ou même des êtres surnaturels. Qui n’a jamais suspecté ne serait-ce qu’un instant, le grincement d’une porte ou l’ombre qui glisse sur le mur d’être l’œuvre d’un « esprit » ?
Selon les cultures, ces entités qui échappent à notre regard portent le nom de poltergeist, d’âmes ou de divinités. Mais partout elles ont suscité le même besoin : celui de créer des objets au travers desquels ces « non humains » puissent se manifester.
En matière de chasse aux esprits, le monde occidental n’est pas en reste. Le XIXème siècle a vue fleurir en Europe toute une panoplies d’objets divinatoires : du détecteur d’aura à la main divinatoire, de la planche spirite montée sur roulettes au phonographes, cette « machine pour parler au morts » sur lequel Thomas Edison, pionnier de l’électricité travailla durant les dix dernières années de sa vie.
Reste à savoir quel genre de rapport l’homme peut entretenir avec ces créatures « habitées », fascination, affinité, répulsion ? Selon le roboticien japonais Masahiro Mori, plus une créature artificielle revêt forme humaine, plus elle a de chances de susciter de l’intérêt, de l’empathie. Mais, au-delà d’un certain degré de ressemblance, il crée l’effet inverse : malaise et rejet. Autrement dit, en s’évertuant à fabriquer des créatures de plus en plus réalistes, les roboticiens alimentent notre robophobie.
Mon avis : Volodia
Exposition intéressante et surprenante, dans la zone baptisée « vallée de l’étrange » nous se situe toutes les créatures un peu trop humaines, représentées par des créatures anthropomorphes des quatre coins du monde.
Un long couloir est peuplé de créatures improbables : sirène des Fidji, momie amérindienne, automate, marionnettes Bunraku, buste en cire, poupée de compagnie japonaise, etc… Un laboratoire d’anthropologie grandeur nature pour comprendre ce qui nous lie ou au contraire nous révulse chez des créatures non humaines.
En fin d’exposition, nous visitons une maison témoin, sorte de terrain d’expérimentation où le visiteur teste ses propres réactions face aux créatures artificielles qui pourraient un jour envahir notre quotidien : robots domestiques dans la cuisine, interfaces de communications à visage humain dans le salon, animaux de compagnie artificiels et robots érotiques dans la chambre. Certaines existent déjà, d’autres arriveront bientôt, mais toutes proposent une nouvelle façon d’interagir avec des êtres non humains : communiquer, s’attacher, augmenter ses capacités…
Une interrogation subsiste : Un robot doit-il nous ressembler pour nous plaire ? Peut-on vraiment s’y attacher ? Et surtout, à l’heure où les robots s’apprêtent à entrer dans nos maisons, quelles créatures sommes-nous vraiment prêts à accueillir chez nous ?