Les cosaques juifs
Pour beaucoup, juifs y compris, cela n’a pu exister. Car qui ne connaît les razzias et les raids effectués par les cosaques de Symon Pitlioura et de Bogdan Chmielnicki dans les schettlets de Russie et de Pologne. Et pourtant, si, il y a bien eu des cosaques juifs en Russie et en Pologne, et si on se repenche sur l’histoire, il apparaît que :
La société cosaque était ethniquement diversifiée, et parmi les différentes branches de cosaques, Il semble que seuls les cosaques d’Ukraine autorisaient les juifs à intégrer leurs compagnies. Les Zaporozhian étaient généralement indifférents aux questions religieuses et n’avaient aucune antipathie particulière envers les juifs et ce, jusqu’à l’époque de Hetman Nalyvaïko. Ils ont souvent inclus des juifs religieux parmi leur compagnie.
Toutefois au 17ème siècle un changement de sentiment est intervenu lorsque la Pologne et la Lituanie ont été fusionnées (Union de Lublin de 1569, les provinces de Volhynie, Podilia et le reste de l’Ukraine ont été séparées du Grand Duché de Lituanie et sont passées sous la domination directe de la Pologne) par le roi Sigismond Auguste III (1587-1632). L’immigration a introduit un sentiment négatif contre les juifs de Pologne et d’Ukraine et les cosaques voulaient à présent baptiser les juifs.
Les régiments cosaques en Ukraine servaient à des fins administratives, en plus de l’armée et avaient une demande constante d’administrateurs compétents, de diplomates instruits et de scribes. Les juifs pouvaient remplir ces tâches en raison de leur niveau d’alphabétisation et de leur maitrise de plusieurs langues.
Bien que les cosaques ne fussent pas connus pour leur religiosité avant le 17ème siècle ont suppose que la conversion était une condition préalable à la promotion dans leurs rangs. En 1681, Ahmad Kalga conseiller en chef du Khan de Crimée se plaignit à l’ambassadeur de Pologne, Piasaczinski que les cosaques du Bas Dniepr avaient attaqué la Crimée. Piasaczinski a répondu que « les cosaques n’étaient pas des sujets du roi de Pologne, et qu’il ne pouvait donc pas être tenu pour responsable des raids incontrôlables des apostats de toutes confessions, Polonais, Moscovites, Valaques, Turcs, Tatars, Juifs, etc … parmi eux »
Parmi les cosaques juifs on distinguera : Berakha le héros » qui a combattu dans les rangs des cosaques de Petro Sahaidachny et est tombé au combat contre les Moscovites. La déposition du cosaque de Berakha « Joseph fis de Moïse » dans le procès rabbinique de la permission de la veuve de Berakha de se remarier déclare qu’il y avait au moins 11 juifs dans les rangs cosaques de l’armée Sahaidachny dans la bataille dans laquelle Berakha a été tué. En 1594 un juif connu uniquement sous son prénom de Moïse a servi comme député de Stanislav Khlopitsky, émissaire cosaque à la cour de l’empereur Rodolphe II. Khlopitsky et Moïse ont prêté serment au nom de l’armée cosaque dans leur traité avec l’empereur. L’historien des cosaques Yuri Mytsyk décrit un cas dans lequel, en 1602 un juif de la ville de Berestye s’est converti au christianisme et a rejoint Zaporozhian Host. En 1637, Illyash (Elijah) Karaimovich était l’un des officiers des cosaques enregistrés et devint leur « starosta » (ancien) après l’exécution de Pavliuk. On présume de Karaimovich est né Karam (groupe ethnique turc adhérant au judaïme karaïte).
Au XVIIIème siècle il existe de nombreux exemples connus de juifs rejoignant les cosaques à l’époque qui a précédé la destruction de Sich en 1775. Un cas notable est Simon Chernyavsky qui a été baptisé au Sich en 1765, il a ensuite été l’émissaire du Sich à la cour de l’impératrice Catherine II. Moisey Gorlinsky a servi le Sich en tant qu’interprète et Yvan Kovalevsky a atteint le grade de colonel.
Certains juifs rejoignirent les cosaques en tant qu’adolescents à la recherche de fortune, parmi lesquels Vasyl Perekhryst, fils d’Aizik, qui rejoignit l’armée en 1748. Yvan Perekhryst a été enlevé avec toute sa classe du Heder lors d’un raid cosaque en 1732. Yakov Kryzhanovsky est devenu cosaque avant 1768, et a également servi comme diacre à l’église de Sich. Il était polyglotte et s’est distingué sous le commandement de Petro Kalnyshevsky pendant la guerre russo-turque de 1769-1774. Dans les anciennes épopées connues sous le nom de Dumy chantées par les kobzari ukrainiens, il est fait référence à un colonel nommé Matviy Borokhovych (1647) dont le nom de famille qui signifie fils de Baruch indique une origine juive.
En décembre 1787, le prince Potemkine, la Grande Catherine, ont fondé le régiment de cosaques juifs, Israilovsky de cosaques juifs dans le but de libérer Jérusalem. Deux escadrons de cosaques juifs patrouillèrent contre les turcs. Il semblerait qu’ils n’aient pas réussi et au bout de 7mois il fut mis fin à cette expérience. Il a été suggéré que certains des cosaques juifs ont suivi le colonel BerekJoselewicz et ont rejoint les formations de cavalerie polonaise de Napoléon. Joselewicz a été tué dans une embuscade nocturne avec les Hongrois pendant la campagne de 1809 de Napoléon. Les vétérans du régiment de Potemkine se battaient pour l’empereur lors de certaines de ses victoires les plus célèbres.
Cosaques juifs polonais, le grand poète polonais Adam Mickiewicz a aidé à former un autre régiment de cosaques juifs, Les Hussards d’Israêl pour lutter contre l’Empire russe, aux côtés de la Grande Bretagne, de la France et de la Turquie dans la guerre de Crimée. Ces lanciers combattirent aux côtés des cosaques dissidents contre les Russes à l’extérieur de Sébastopol.
Pendant la guerre civile en Russie (1918-1920) qui a suivi la révolution russe de 1917, de nombreux juifs ont servi à la fois dans les cosaques rouges, les régiments de cavalerie de l’Armée rouge et dans les cosaques blancs. Un de ces régiments de cosaques rouges de la brigade Kotovsky était commandé par l’anarchiste Sholom Schwartzbard. D’autre part, les étudiants juifs ont également joué un rôle important dans le bataillon des cosaques blancs du Don dirigé par Vassyly Chernotsov, de sorte que tout un régiment du bataillon a été appelé la « Légion Juive ». Les cosaques de Tchernetsovtsy ont pris de l’importance en lançant une résistance armée contre les bolcheviks dans la région du Don.
Mon arrière grand père en a fait parti. Enlevé dans son shettlet de Russie à l’âge de 7ans, il a été baptisé selon le rite Orthodoxe et intégré dans les rangs des cosaques. Ce n’est que bien des années plus tard et dans des circonstances pénibles qu’il s’est souvenu de ses origines. Il a combattu chez les Blanc, pour le tzar et la France contre le communisme.
Mes sources :
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