Mardi 13 avril, je me suis déplacé à Dijon voir un confrère qui avait à me proposer quelques livres anciens fin du 18ème, début et milieu du 19ème siècle. Nous étant mis d'accord sur le prix, après description et photos à l'appui, me voilà parti sur Dijon pour la journée. Hum, celle-ci commençait mal ! Arrivé Gare de Lyon et connaissant mal cette gare ce n'est que 2 minutes avant le départ que j'ai trouvé le quai d'où partait mon train. Pour couronner le tout, je n'ai pas eu le temps de composter mon billet. Mais, merci la petite voix du haut parleur, qui précisait à tous les retardataires d'avertir le contrôleur lors de son passage. Celui-ci s'est, bien évidemment,fait un plaisir de composter mon billet. Une fois débarrassé de ce souci, j'ai fait de même avec mon imperméable, ma serviette, et j'ai regardé ce qui se passait autour de moi...
J'étais côté couloir et de l'autre côté de la rangée, côté couloir également, une jeune femme Japonaise ? arrivait. Elle a commencé par m'envoyer son sac à dos dans la figure en le descendant de son épaule, puis a cogné sa valise dans mon siège pour finir par me demander, si je voulais bien (mais comment donc...), lui hisser dans l'endroit prévu à cet effet. Ce faisant, elle en a profité pour ôter son manteau et secouer ses cheveux qu'elle avait long et me les fiche, comme le sac à dos en pleine figure (ben voyons ! faisez faisez !) Elle commençait sérieusement à me taper sur les nerfs, mais restons poli et courtois, envers la gente féminine (tu parles !) la devise de mon chéri.
Une fois son séant et ses deux bagages à main posés, dont son sac. Elle a commencé à prendre son portable et s'est mise à composer les numéros d'une copine, enfin d'après ce que j'ai pu comprendre puis, celui de son boy friend et allez, j'ai eu droit (ou plutôt une bonne partie du wagon) à une conversation des plus personnelles et pas particulièrement intéressante de la soirée de la demoiselle... Ensuite, elle a ouvert son deuxième sac et là, elle s'est mise à croquer des bonbons. Seigneur, quelle dentition, on aurait dit un broyeur malaxeur et le potin a duré le temps qu'elle ingurgite la moitié du paquet.
J'avais beau ne pas vouloir la regarder, mes yeux exaspérés se tournaient systématiquement de son côté. Mlle aimant la musique, nous avons eu droit en sourdine pour nous, je le reconnais, mais en puissance pour elle à une mélodie sirupeuse. D'énervement, j'ai fini par gagner le wagon restaurant où je me suis avalé 2 grands café, 1 pain au chocolat, des tartines et un jus d'orange pour faire couler le tout. Je suis revenu à mon siège ayant dévalisé le rayonnage journaux du wagon.
Ouf, elle est descendue la station avant Dijon et j'ai passé le reste du voyage à somnoler. Mon confrère m'attendait à l'arrivée et c'est à pied que nous avons gagné son magasin. Nous sommes passés par le centre ville. Comme un vulgaire Parisien que je suis, imbu de sa ville et de son activité, je m'attendais à une ville de province un peu endormie peuplée de vieux barbons, et flottant dans l'inertie. Or, surprise, Dijon est une ville magnifique, très riche, et surtout très propre, peuplée de beaucoup de jeunes, avec des maisons à colombages, coiffées de tuiles de plusieurs couleurs comme on en voit à l'hospice de Beaune, des cours jardins, de superbes monuments, un arc de triomphe, un parc avec une ravissante fontaine, et, une cabine téléphonique britannique (oui, la fameuse cabine rouge). Il m'a fait visité son antre et nous avons conclu l'affaire chez lui. Il est très bien installé au rez-de-chaussée d'un hôtel particulier avec une cour jardin. Nous avons parlé de choses et d'autres et j'ai été très étonné de voir les prix de l'immobilier. Paris est vraiment très surfait, surtout pour la qualité de vie et des habitations proposées. Nous avons déjeuné dans une auberge à l'intérieur de la cour d'un immeuble et il m'a ensuite fait visiter la ville plus en détail. Très très bonne impression.
J'ai repris mon train en fin d'après midi alors qu'il commençait à pleuvoir et par peur de ne plus en avoir à cause de la grève. Hum oui, je ne sais comment je me débrouille, mais chaque fois que je me déplace c'est un jour de grève. Le retour c'est fait au calme bien que le wagon ait été bondé. Léger désagrément toutefois, un petit besoin urgent que je n'ai pu satisfaire en raison du va et viens des passagers pendant tout le trajet vers justement l'endroit ou je désirais aller. Inutile de dire qu'arrivé gare de Lyon, ça a été la course pour trouver des hum "lavatory".
Une fois trouvé, les contrariétés n'ont fait que commencer. Je m'approche de la dame pipi coincée dans son bocal, surveillant d'un oeil sévère les personnes qui allaient et venaient, vérifiant d'un regard expert celui ou celle qui mettait ou ne mettait pas le jeton dans le tourniquet. C'est avec soulagement et en me tortillant que j'ai réussi à trouver la monnaie nécessaire à la délivrance dudit jeton et par la suite, de mon envie. Malheureusement pour moi, j'étais tellement pressé que j'ai foncé sur le premier tourniquet venu et je me suis vu rappelé à l'ordre d'un ton peu gracieux : "les messieurs c'est de l'autre côté" Oups, désolé.
Alors je ne sais pas vous, mais moi je remarque que les urinoirs se trouvent très souvent juste devant les tourniquets ou visibles de l'allée centrale, si bien qu'une dame y passant pour tout simplement gagner le guichet et/ou la partie qui lui est destinée nous voit, si si, messieurs, en position jambes écartées la main nous tenant la nouille. Hum très élégant. Je me demande à quoi pensent ceux qui aménagent ces endroits. Ne voulant pas m'exposer ainsi, j'ai cherché une cabine. Bien évidemment, il n'y en avait pas une de libre. Tenaillé par l'urgence, j'ai bien du faire comme les autres et comme eux je me suis retrouvé en situation plus que ridicule et passablement gênante, priant le ciel pour que personne ne me voit ainsi. Une fois la chose achevée je n'ai pu m'empêcher de soupirer d'aise à quoi mon voisin d'urinoir m'a répondu "ça fait du bien hein" Et là, j'ai vécu un grand moment de solitude !